Aider un enfant ou Préparer un massacre à ses dépends ? [PV Honorata]

Les mains dans les poches de son manteau d'hiver, Alicia marchait sur les terres Belges. Sa démarche était plutôt lente, elle regardait partout autour d'elle, scrutant le peu de survivants qui étaient encore là à s'affairer pour une raison des plus obscures. Le robot passa devant eux, restant muette, n'ayant pas encore envie de lancer les hostilités. Pour l'instant, elle était occupée à scruter les alentours, tentant de savoir le nombre d'humains qu'elle aurait à tuer ou même à emprisonner. Tout dépendrait de son humeur … enfin non, puisqu'elle ne ressentait pas les humeurs. En fait, c'était plutôt du hasard. Elle verrait. Si son revolver allait plus vite entre ses doigts que la dague, elle les tuerait. Tous, sans aucune exception. Il n'était pas temps de faire les enfants de cœur. Sa mission était simple : exterminer l'humanité. Ni plus ni moins. Donc il n'était pas temps de s'attarder sur l'apparence qu'avait les victimes. Hommes, femmes, enfants, tous y passeraient et le bain de sang serait royal. Cette pensée la fit sourire. Le massacre … cet acte si cruel était sa raison de vivre, à vrai dire. Tous ses actes la menaient sur cette chose. Tous, pas un seul ne s'écartait de là. Finalement, Alicia était certainement à la tête d'un bon nombre de robots venus semer la pagaille parmi les humains. Ou plutôt … provoquer un total génocide. Car, n'ayons pas peur des mots, leur but tenait en ces huit lettres … Et Era leur avait réellement facilité la tâche. Ils pouvaient la remercier, d'ailleurs. Enfin bref.

Un gamin bouscula malencontreusement Alicia. Il tomba par terre, tandis que la demoiselle ne fut que très légèrement secouée. Les yeux bleus du robot s'attardèrent lentement sur le gosse, tandis que dans sa tête, une succession de « je le tue » et de « non, je ne le tue pas » venait de démarrer. Elle pista discrètement les humains qui étaient proches et finit par forcer une mimique gentille à naitre sur son visage. S'abaissant près de lui, elle lui tendit la main et sourit, l'invitant à se relever. Contre toute attente, elle lui adressa la parole, mettant son statut de robot de côté pour mieux se fondre dans la masse.

Ça va aller ? Tu ne t'es pas fait mal, au moins ?

Son sourire complètement faux était toujours présent sur ses lèvres tandis que l'enfant secoua horizontalement la tête, lui montrant qu'il n'avait rien. Timide, il rougit et sourit, laissant ses deux petites prunelles dorées se plonger dans l'océan bleu créé par celles d'Alicia. Il attrapa sa main et la regarda, l'air plus attristé, d'un coup. Le regard de la robotte devint interrogatif, tandis qu'il s'exprimait de sa petite voix enfantine.

Maman … Tu sais où est maman ?

Alicia mit très peu de temps à comprendre. Sa mère … avaient-ils tué sa mère ? Hmm … tant pis ? La robotte ne sut pas trop comment réagir, gardant son air délicat sur le visage, le rapprochant d'elle.

Viens, on va chercher ta maman. On finira par la trouver, j'en suis sûre.

Le petit garçon serra la main du robot tandis qu'elle l'entrainait avec elle vers un autre lieu. Ce mioche lui permettrait de renforcer sa couverture, aidant la demoiselle dans sa mission. Certes, elle profitait énormément de la situation mais quelque part, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Après tout … qui avait dit – ou insinué – qu'elle ressentait quoi que ce soit ? En ce lieu, elle avait juste un massacre à accomplir. Donc, la demoiselle prenait tout ce qui pouvait l'aider à accomplir son travail, bien évidemment.

Continuant de marcher le long de la place, Alicia regarda le gosse avec un sourire toujours aussi menteur. Il tenait fermement sa main, scrutant les horizons, à la recherche de la femme qu'il nommait comme sa « mère ». Il avait l'air aux aguets, prêt à tirer sur la main de la robotte pour l'amener vers la maman en question. Il finit par regarder droit devant lui et s'arrêter, serrant de sa petite menotte la main de l'italienne, s'exprimant de nouveau.

Grande sœur … Qui c'est, elle, là-bas ? Je ne l'ai jamais vue, dans le petit groupe que nous sommes … tu la connais ?

Il regarda une femme, au loin. Celle-ci n'avait pas l'air bien méchante, mais il ne fallait pas se fier aux apparences, comme le savait Alicia. Pourtant, si cette femme était une robot, la blonde l'aurait reconnue, or, ce n'était pas le cas. Prenant le petit garçon dans ses bras, elle s'avança vers la demoiselle, un nouveau sourire aux lèvres.

Excusez-moi … Auriez-vous vu une dame ressemblant à cet enfant ? Il cherche sa mère, depuis tout à l'heure …

Trois mois, trois putains de mois … sans nouvelles de la Résurrection je n'avais vu personne … entendu personne parlé avec personne que je ne connaissais. J'avais comme je pouvais fait un petit nid dans un lieu que j'aimais visiter étant petite, un lieu cher à mon cœur. Le château d'Edinburgh. J'y avais tellement de souvenirs, et dans mes rêves j'épousais Sky à cet endroit. Le destin en avait voulu autrement, bien autrement, mais ça n'était pas grave, j'avais eu mon mariage, et c'était magnifique. J'étais heureuse. Enfin je l'avais été. Trois mois dehors. J'avais du tout recommencer, je ne connaissais pas l'entrée de la Résurrection, j'étais tombée à la première mission dehors. Je restais dans le coin pour que l'on me retrouve mais personne n'était jamais venu. Je n'avais jamais vu mon mari au volant d'une Jeep faire soulever la poussière de la surface de la terre pour venir me chercher. Alors je m'étais résignée. Ils me croyaient morte. Antoine était mort. Je n'avais plus personne. Je ne savais même pas comment il était possible que j'ai pu m'en sortir ni pourquoi à mon réveil j'étais à l'ombre et pansée comme il fallait. Mais j'évitais de me le demander car ça me rendait triste. Pourquoi ne pas m'avoir emmenée à la Résurrection alors?

Ça ne servait à rien de ressasser tout ça. Pour le moment j'étais partie un peu de mon repère je ne voulais pas qu'on le trouve alors je devais pas rester tout près de lui trop longtemps. Je n'étais pas faite pour le terrain pourtant, je voulais voir le monde, respirer l'air frais à la surface, mais à la base j'étais infirmière. Pas une mauvaise mais j'aurais jamais du insister pour sortir, maintenant je me retrouvais au milieu de néant de l'inconnu, sans aucune chose sûre. Juste moi même face à l'infini. Je tombais sur des gens de temps à autre, mais je faisais attention. Qui est fiable, qui ne l'est pas la est toute la question. J'étais maintenant en Belgique, je cherchais de quoi pouvoir utiliser dans mon abri, qui sait. On pouvait trouver de ces choses. Je n'avais croisé personne sur mon chemin pour le moment en ce qui était autrefois la Belgique. J'étais établie au bord d'un petit point d'eau. Mon arme toujours à portée de main on ne sait jamais, les saloperies de Destructeurs sont partout et surtout là où on ne les attend pas.

Excusez-moi … Auriez-vous vu une dame ressemblant à cet enfant ? Il cherche sa mère, depuis tout à l'heure … je me retournais. Une jeune femme tenais un enfant dans ses bras. J'arquais un sourcil. C'était pas très naturel. Surtout un sourire avec une question pareille. J'étais peut être un peu paranoïaque. Mais je garderai mes distances avec eux. Après tout, on n'est sur de rien. Et quel plus magnifique leurre qu'un enfant qui cherche sa mère?

« Non, je suis désolée mon petit. Je ne crois pas. Je n'ai croisé personne aujourd'hui. »